Parcours de pros : Blandine Leray

Parcours de pros : Blandine Leray

Argo VFX donne la parole à des professionnels afin de vous faire découvrir les nombreux métiers liés à l’audiovisuel. Ce sont tous d’anciens étudiants dont j’ai croisé la route à un moment ou un autre.
Cette fois c’est Blandine Leray qui s’est prêtée au jeu.

Christophe Fernandez : Salut Blandine. Quel âge as-tu ? Quelles fonctions occupes-tu aujourd’hui ? Ou quel métier exerces-tu ?
Blandine Leray : Bonjour, j’ai 30 ans, et je suis 3D Artist à Ivory Tower Ubisoft. Mon poste consiste à créer des objets 3D, qui vont habiller et décorer les environnements du jeu vidéo sur lequel je travaille. Il peut s’agir de “props”, c’est dire de petits à moyens objets (exemple, pour une rue: un lampadaire, un banc…), ou de “buildings”, les bâtiments qui composent l’environnement. Je les modélise (je crée leur forme dans un logiciel de 3D), je crée leur texture (“peindre” l’objet), et je l’intègre ensuite dans le jeu.
Je travaille depuis 5 ans (2 ans en 3D) à Ivory Tower, un studio racheté par Ubisoft il y a quelques années, où j’ai travaillé sur la license The Crew, un jeu de voitures/véhicules en monde ouvert.

CF : Quand as-tu su que tu voulais travailler dans ce milieu ? Tu étais plutôt artiste ou technicienne ?
BL : J’ai su depuis l’enfance que je voulais travailler dans un univers artistique. Je ne me suis pas posé longtemps la question ! J’ai toujours dessiné, et été très tot imprégnée d’univers fictifs, à travers la BD, les dessins animés, les films, et plus tard les jeux vidéos.

CF : Comment t’es-tu formée ? Quel partie as-tu apprise seule et quelle autre en école ?
BL : Les vraies questions sur mon avenir professionnel ont commencé lors de mes études supérieures, au moment où je devais trouver ma spécialité. J’ai commencé par quelques années d’études en communication visuelle (Brassart à Tours, puis Graphicréatis à Nantes), car ces écoles proposaient des cours de dessin (anatomie, croquis, nature morte…), ce qui me passionait. Mais j’avais conscience que le métier d’illustrateur était un métier très difficile financièrement, et très autonome, ce qui ne me convenait pas.
J’ai ensuite découvert la 3D à Graphicréatis avec Christophe Fernandez comme professeur pendant ma 3e année. J’ai réalisé que ce domaine pouvait ouvrir sur le monde du jeu vidéo, et la possibilité de travailler au sein d’un studio et d’une équipe de passionés, créant ensemble un imaginaire. J’ai donc terminé mes études dans une autre école, spécialisée dans la 3D et le jeu-vidéo.

CF : Que penses-tu qu’il ai manqué dans les écoles que tu as fréquentées ?
BL : Je trouve que la première école que j’ai fréquentée après mon année de prépa manquait de spécialisation. En effet, elle proposait une ouverture sur la pub, et une autre sur la 3D, mais ne poussait pas assez loin la formation dans ces domaines. Elle ne préparait pas non plus assez les élèves à entrer dans le monde professionnel : la première confrontation avec les entreprises, la création du portfolio…
Ma dernière école, de JV/3D, offrait une vraie ouverture dans cet univers, mais délivrait une formation concrète encore incomplète pour etre rééllement bien formés aux logiciels 3D et 2D. Je trouve primordial que l’élève aspirant Artist ait un solide apprentissage technique en sortant de l’école, en plus de son regard artistique. Cela se verra sur son portfolio, et il aura ainsi de meilleures chances d’entrer dans le monde professionnel.
Ce que je n’avais pas assez ressenti pendant mes années d’écoles supérieures, est l’importance du travail personnel en dehors des heures de cours. Bien sûr, il est très important de se donner à fond dans les exercices donnés par l’école, mais cela est rarement suffisant si l’on ne travaille pas de son coté chez soi. Il ne faut pas entièrement se reposer sur les heures de cours : la curiosité et le travail personnel sont déterminants !

CF : Comment es-tu entrée dans le milieu professionnel ? Quel a été ton premier contrat ?
BL : Après avoir obtenu mon diplome, j’ai effectué mon stage de fin d’études de 6 mois au sein d’Asobo, un studio de jeu-vidéo à Bordeaux. Cela a été mon premier pas dans le milieu professionnel.

CF : Quels logiciels utilises-tu le plus dans ton travail de tous les jours ?
BL : J’utilise 3dsMax, Substance Painter, Substance Designer, Photoshop, parfois ZBrush, et le moteur de jeu de mon entreprise (le “logiciel” qui sert à assembler et créer le jeu vidéo en lui même).

CF : Comment vois-tu les années à venir professionnellement ?
BL : J’aimerais continuer dans mon poste encore plusieurs années, car cela me plaît. Je sens également que j’ai encore de nombreuses choses à apprendre et à faire avant d’avoir l’impression d’en avoir fait le tour! Je trouve que la 3D est un domaine demandant beaucoup d’expertise, de temps de travail,et où l’on apprend toujours. Il faut pratiquer pour se confronter aux problèmes techniques, et trouver leurs solutions. Et lorsque l’on a l’impression d’avoir bien compris, de nouveaux logiciels arrivent, et l’on doit à nouveau s’adapter à la nouvelle technologie ! Il faut donc posséder un réel intérêt pour ce domaine pour y exercer. Pour la suite, surement un ou plusieurs changements d’entreprises, pour diversifier mes projets!

CF : Est-ce que le fait d’être une femme t’a aidé ou au contraire t’a gêné dans ta carrière jusqu’à maintenant ?
BL : A choisir, je pense que cela m’a d’avantage servi que desservi, dans le sens où j’ai l’impression que les studios avaient, et ont certainement actuellement, la volonté d’amener plus de mixité au sein de leurs équipes. Mais je suis convaincue que ce n’est en rien un critère déterminant lors d’une embauche, contrairement au portfolio de l’artiste et à l’entretien d’embauche.
Dans mon quotidien, c’est vrai que j’ai l’habitude d’être dans un milieu essentiellement masculin, comme dans mon équipe de 10 personnes où je suis la seule fille. Mais cela va progressivement changer je pense : je vois de plus en plus de filles arriver dans mon studio au fil des années ! En tout cas, je n’ai jamais eu de souci lié à mon genre : j’ai eu la chance d’avoir toujours été entourée de personnes respectueuses et inclusives.

CF : Ça te dirait de donner des cours chez Argo VFX ?
BL : Je suis flattée par cette question, merci ! Le métier de professeur est à mes yeux une bonne continuité possible aux années d’employée dans un studio de jeu-vidéo. Mais je n’ai pas encore envisagé cette suite, et je ne me sentirais pas encore légitime à enseigner ! Je souhaite en tout cas le meilleur à l’école Argo VFX !

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